Mission Haïti : Formations EFT et REMAP à Haïti pour aider les sinistrés du tremblement de terre.
L’Association Energies Psy Sans Frontières (http://www.epsysf.com/), présidée par Claudie Caufour, renouvelle son action humanitaire en Haïti du 26 juin au 2 juillet prochain en organisant plusieurs formations de professionnels de la santé. Jean-Michel Gurret, psychothérapeute, formateur EFT et président de l’IFPEC (www.ifpec.org) ainsi que Yves Wauthier, directeur de Therapeutia et formateur REMAP® (http://www.therapeutia.com/) se retrouveront à l’hôpital général de Port au Prince en pédiatrie et néonatalité afin de former les psychologues et les infirmières de ces deux services à l’EFT et au REMAP. L’objectif est de permettre au personnel soignant d’intégrer ces outils pour les transmettre aux familles de manière à faire diminuer les situations de stress extrêmes fréquentes dans cet établissement. Puis, du 29 juin au 2 juillet, 80 personnes seront formées à l’EFT. La plupart sont des élèves de la faculté de psychologie de Port au Prince ainsi que des professionnels de la relation d’aide formés à l’écoute active par Anne de Saint Blanquat, qui organise cette action sur place. La formation se déroulera dans l’école professionnelle Saint Joseph Artisan dans le quartier de Canapé Vert situé à l’ouest de Port au Prince et qui a été totalement rasé par le tremblement de terre de janvier 2010. Cette action est cofinancée par EPSYSF, l’IFPEC, Therapeutia ainsi que les dons reçus à l’occasion du congrès sur la psychologie énergétique clinique qui s’est déroulé à Bruxelles en mai dernier.
Mercredi 26 juin 2013:
Enfin, nous y sommes : ce matin nous nous sommes réveillés à Port au Prince. Hier, Anne de Saint Blanquat, notre coordinatrice locale est venue nous chercher Jean-Michel Gurret, www.ifpec.org et moi même et nous a conduit à l’hôtel où Yves Wauthier, www.therapeutia.comnous attendait.
C’est l’enthousiasme qui domine pour cette seconde mission humanitaire organisée par l’association Energies Psy Sans Frontières www.epsysf.com que je préside et que j’ai fondée il y a 3 ans pour répondre à le demande locale des responsables des grand et petit séminaires catholiques de Haiti. Ils étaient alors à la recherche d’approches thérapeutiques qui soulageaient rapidement la douleur et favorisaient la sortie d’état de Stress Post Traumatique. L’EFT a plus que répondu à leurs attentes.
Cette année, former des psychologues reste une priorité. Pour des raisons de logistiques, nous avons du limiter leur nombre à 90. Cette mission 2013 a aussi un versant de soin. Cela commence ce jour directement auprès d’enfants dans l’hôpital général de port aux princes.
Première impression dans cette mission 2013, Malgré un état de chaos dominant, certaines infrastructures se redressent. A l’aéroport, les choses étaient parfaitement bien organisée et le bâtiment reconstruit. Le va et vient des habitants, tels les mouvements anarchiques des fourmilières témoignent de la nécessité d’avancer.
Jeudi 27 juin 2013:
Jean-Michel Gurret:Nous rentrons tous les quatre, Claudie, Anne, Yves et moi-même de notre première journée en Haïti. Nous avons passé la première partie au sein du service néo-natalité de l’hôpital général de Port-au-Prince placé sous la responsabilité du docteur Dodley Sévère qui nous a accueilli ce matin avec la responsable du service et la psychologue. Nous avons visité l’ensemble de ce service qui accueille les enfants prématurés, mal formés ou gravement malades en provenance de la maternité qui se trouve à l’étage du dessous (lire aussi l’article de Claudie Caufour). Je n’avais jamais vu de nouveaux nés dans cet état. Certains pèsent moins d’un kilo un mois après leur naissance. J’ai eu l’occasion de travailler sous l’œil attentif de Carmine, la jeune psychologue du service, avec deux jeunes mamans en état d’anxiété profonde à cause de leur bébé.
La première a 16 ans. Elle a accouché il y a à peine plus d’un mois et se trouve dans un état de désespoir intense, son bébé me dit elle, ne va pas bien, il a les yeux révulsés, ne la suit pas du regard et les médecins lui ont dit qu’il serait probablement aveugle à cause d’une infection. Nous commençons la séance d’EFT en nous centrant sur les symptômes physiques qu’elle ressent : la poitrine serrée par la tristesse et la peur. Au départ, elle semble dissociée, puis rapidement elle essuie quelques larmes. Le lien se crée, la confiance aussi, elle commence à se raconter plus intimement. Sa mère l’a abandonnée peu après l’avoir mise au monde pour chercher une vie meilleure de l’autre coté de l’ile à Saint Domingue. Son père est mort alors qu’elle avait 5 ans. Sa sœur qui a 28 ans aujourd’hui l’a jetée hors de chez elle peu avant son accouchement. Elle essaye vainement de la contacter mais 5 fois de suite elle lui a raccroché au nez, refusant de lui parler. « Ma sœur me déteste », dit-elle. Faute d’argent, elle ne va plus à l’école depuis 2 mois et ne pourra pas passer ses examens dans une semaine. Elle ne peut même pas prendre le bus pour aller chez sa sœur qui habite à 10 kilomètres de l’hôpital. La nuit, elle dort dans l’entrée de l’hôpital sur un lit de fortune. Souvent il n’y a pas de place, elle dort par terre ou bien ne dort pas du tout. La journée, elle reste au côté de son bébé et sort dans la rue pour tenter de trouver de quoi manger. Depuis un jour elle n’a rien absorbé, ni bu non plus. Elle n’a quasiment pas de lait pour nourrir son petit et ne peut en acheter. Anne lui donne deux bananes et une bouteille d’eau qu’elle avait pris pour son déjeuner. Le père de son enfant l’a rejeté lui aussi. Elle est seule, ne voit aucune solution pour s’en sortir, n’a personne sur qui compter. Plus je lui pose de questions, plus je découvre l’impasse de sa situation. Elle se sent coupable de l’état de son fils… En travaillant avec elle, je découvre l’ampleur du travail à accomplir avec ses jeunes adolescentes qui viennent accoucher dans le dénuement le plus total. « Cette jeune fille représente un cas d’école, elle symbolise a elle seule la situation de nombre de jeunes filles haïtiennes qui souffrent de troubles de l’attachement, d’abandon a répétition, d’un profond sentiment de solitude et de désespoir », nous dit le docteur Sévère, qui n’en a que le nom, tant il incarne la bienveillance et l’humanité.
A la fin de notre séance, elle se sent apaisée, plus confiance, moins seule. Elle n’a jamais pu parler de tout cela à quiconque. Elle dit que cette séance d’EFT lui fait du bien. Je lui dessine sur une feuille de papier les points EFT. Le plus dur reste à venir car elle nous emmène voir son bébé malade. Il est tellement petit, il n’a que la peau sur les os à du mal à respirer, garde les yeux fermés. Il doit peser moins d’un kilo, ses doigts sont si fins qu’on dirait des brindilles. Je n’ose le prendre dans mes bras de peur de le briser. Là, je réalise à quel point une séance avec elle est dérisoire et qu’il est nécessaire de former des personnes sur place pour qu’elles puissent, jour après jour apporter du réconfort à ces jeunes mamans. Les cicatrices d’une jeune vie ravagée à ce point nécessiteront un suivi thérapeutique soutenu. Néanmoins, elle sourit, elle a du mal à quitter cet instant de partage que nous venons de vivre. J’éprouve moi aussi le besoin de me faire une séance pour faire diminuer l’intensité émotionnelle que je viens de vivre. Nous sommes vraiment dans le concret, dans la réalité de la souffrance de ces jeunes mamans.
La deuxième séance se déroule avec une femme de 20 ans, la maman d’une petite fille de 3 mois et qui ne grossit pas. Elle est angoissée car sa fille ne réagit pas aux stimulations, elle semble ne rien ressentir, ne pleure jamais. Nous travaillons avec la maman sur la boule qu’elle a dans la gorge et qui l’empêche de s’alimenter. A la fin de la séance, Elle s’apaise, retrouve le sourire et l’envie de se battre pour son bébé et de remanger pour avoir plus de lait. La boule dans sa gorge a disparue, au moins provisoirement…
Demain, nous allons former une trentaine de soignantes des services néonat et pédiatrie afin qu’elles puissent prendre le relai et accompagner différemment ces mamans avec l’EFT et le REMAP.
Jeudi 27 juin 2013 matin :
Le service de néo-natalité de l’hôpital géneral de Port-au-prince accueille nos premiers pas. Mon regard croise celui de Jean-Michel Gurret, le formateur et president de l’IFPEC qui avait fait partie de la première mission il y a deux ans. Sans se parler, nos impressions sont les mêmes. Nous sommes loin du milieu “plutôt protégé” dans lequel nous nous trouvions, chaleureusement accueillis alors, par nos ôtes en mars 2011.
Cette fois ci, Carmine, une jeune psychologue et sa responsable nous expliquent le fonctionnement du service avec une possibilité d’accueil de 26 mamans et leur bébé.
“La difficulté, nous dit-elle, c’est de leur expliquer qu’elles ont une chance sur deux de ressortir avec leur bébé vivant” et de rajouter “ leur état apparent ne prédit en rien de leur survie ou de leur mort. Parfois, le bébé semble bien et puis il meurt. Parfois, il est très malade, et puis il survit. Et on ne peut pas leur dire pourquoi…”
Des facteurs de stress, aucun des 4 services n’est épargné. C’est d’ailleurs par ce critère là qu’elle présente les choses.
Dans le service “couveuse” toutes les mamans redoutent l’oxygène. Il est vrai que voir ces si petits corps d’enfant avec des masques n’a rien de rassurant ! Les mamans vivent cela comme l’antichambre de la mort, d’autant plus que par hygiène pour les nouveaux-nés, leurs visites sont limitées. Il arrive même que certaines mamans refusent à cette étape de voir leur enfant. Sans doute pour ne pas trop s’habituer à ce bébé qu’il faudra laisser partir dans quelques temps.
Dans le service d’urgence de niveau 2, l’espoir semble un petit peu moins ténu : malgré tout, les conditions d’hygiène obligent à limiter les visites des mamans. Elles errent dans les couloirs tentant de regarder leur bébé aller mieux !
Plus loin, le service Kangourou préconise le peau à peau de la maman et de son bébé. Ils sont déjà plus “costauds”, moins faméliques, en tout cas tant que la maman peut s’alimenter et fournir du lait à son bébé. Car ici, c’est le cercle vicieux de la nécessité de “sortir” pour trouver à manger au quotidien, comme l’a expliqué à Yves Wauthier, formateur et president de Thérapeutia et à moi même cette maman de 45 ans. Elle mettait au monde son second enfant sur les 5 dont elle a la responsabilité.
Le fils de mon mari me disait alors que je me trouvais mal “mais si tu ne sors pas aujourdhui, on ne va pas pouvoir manger…” Dans le pire des cas, “un thé aux feuilles de corosol permettra d’attendre jusqu’au lendemain”.
Le dernier service tout comme les autres se décrit à travers les facteurs de stress, et pas uniquement pour les mamans. Car pour tout médecin, guérir, soigner, aider à aller mieux est plus qu’une vocation. Et comment composer lorsqu’une maman ne peut pas fournir les medicaments nécessaires aux soins de son bébé. Aujourdhui, nous étions là, de passage, et nous avons tendu la main à ce papa qui nous demandait de quoi acheter des medicaments pour son bébé. Mais demain ? Pour autant, à ce jeu de l’oie géant où on avance , on est bloqué, on recule et on attend quand on tire une pénalité, ce service est plutôt un joker, la case qui precède la sortie. C’est un véritable soulagement, en tout cas, si l’on fait abstraction de la présence de ces bébés malformés !
On le sait bien ! dans les jeux de société, tirer une carte chance ne veut pas dire qu’il y a un gros lot au bout ! Dans la vraie vie non plus !
En direct d’Haïti vendredi 28 juin matin :
Nous retournons à l’hôpital central de Port-au-Prince. Une vingtaine d’infirmières et de médecins nous attendant pour suivre la formation en EFT/Remap.
Le temps que les choses se mettent en place… nous attendons dans les couloirs du service de néo natalité, dans lesquels nous avions mené des séances de soins la veille.
La maman que Yves Wauthier et moi avons vue hier en consultation passe dans les couloirs. Elle est méconnaissable. Hier, sa mine abattue, son absence de soin corporel son corps replié sur elle même et sa voix de petite fille, presque inaudible questionnaient sur son état mental. Aujourd’hui, cette maman, était peignée et sa tenue trahissait le fait que quelque chose avait changé dans sa volonté de ne pas se laisser aller. Sa démarche était plus sûre et volontaire, son sourire ne trompait pas lorsque qu’elle m’a aperçue dans les couloirs. Nous échangeons quelques mots dans lesquels elle me parle de son bébé dans des termes d’espoir. C’est une maman comme toute les mamans qui se trouve devant moi. Je suis terriblement émue.
Nous sommes conduis dans la salle prévue pour la formation.
Evidemment, dans ce contexte d’urgence permanente, le temps est compté : monopoliser autant de personnel soignant durant de longues heures compromettrait le déroulement du service. Jean-Michel et Yves ont prévu une formation très adaptée à leur pratique et à la nature du stress auquel ils sont confrontés dans ce service hospitalier.
L’intérêt est palpable. La formation a débuté par le visionnage du film réalisé par les associations IFPEC et Energies Psy Sans Frontières à la suite de notre première mission de formation. L’adhésion est immédiate. Sans aucun doute ces soignants seront les précurseurs en Haïti de ces techniques simple d’utilisation. Dans ce sens, ils viendront grossir le rang des soignants dans le monde entier qui regardent l’humain dans sa globalité et soulagent la douleur en s’appuyant sur les ressources intérieures individuelles pour déconditionner l’empreinte traumatique.
Claudie Caufour
Haïti : une partie du personnel soignant de l’hôpital général de Port-au-Prince, formée à l’EFT par Claudie Caufour, Jean-Michel Gurret et Yves Wauthier.
29 juin 2013 – rHaïti, à l’orphelinat de Notre Dame Des Victoires par Yves Wauthier, Thérapeutia.
Cette journée s’achève pour nous avec une émotion intacte … Claudie Caufour, Jean-Michel Gurret et moi-même avons donné une approche de l’EFT et de REMAP à une équipe de 20 personnes de l’hôpital général de Point-à-Pitre service de néonatalité et de pédiatrie (médecins, infirmières) et nous avons poursuivi par une intervention et du tapping auprès d’orphelins… Leur besoin d’amour était tellement grand que nous avions littéralement des grappes d’enfants sur nous… Enfants qui avaient le simple besoin d’être touchés, écoutés et regardés… Notre coeur a explosé devant tant de besoin d’amour. Nous avons aussi pu faciliter ce lien en utilisant le Tapping Bear en tant qu’objet facilitateur et transférentiel… Les sourires de ces enfants étaient tellement beaux et si spontanés que nous n’arriverions pas ou prou à vous transmettre cette énergie d’amour même si je suis certain que vous la ressentez au plus profond de vous!…
Demain, nous y retournerons car certains de ces enfants n’avaient pas parlé depuis le séisme, il y a trois ans déjà! et nous souhaitons continuer ce travail de reconnexion… De manière futile et utile, j’ai récupéré enfin ma valise vagabonde et cela va me permettre de remettre à ces diverses équipes le matériel didactique que je leur avais emmené. Ce ne sont donc pas des journées faciles mais ce sont des journées inoubliables!
J’espère que vous pourrez vous engager avec nous, bénévolement, à venir y participer car à mes yeux cela représente non seulement l’aboutissement d’un rêve, là où certains vivent un cauchemar mais également une nécessité, une solidarité, une expression de l’humanisme qui nous fait avancer dans la vie. Car à la différence de ces coeurs que nous aidons, nous pourrons personnellement, dans moins de 5 jours, nous en aller et revenir en Europe! Cela semblera peut-être être un poncif mais je pense que vous pourriez simplement réaliser que cet investissement de coeur et de temps est un des plus beaux cadeaux que vous et nous puissions nous accorder… à toutes et à tous, à demain!
Haïti, hôpital de Port-au-Prince : 2ème journée de formation aux techniques de l’EFT (techniques de libération émotionnelle) et Remap aux étudiants en psychologie par Claudie Caufour (présidente de Energie Psy sans Frontières), Jean-Michel Gurret, président de l’IFPEC (Institut Français de Psychologie Energétique Clinique) et Yves Wauthier (Thérapeutia)
Si Haïti m’était conté… par Claudie Caufour, présidente de Energies Psy sans Frontières
Haïti, finalement, c’est l’histoire d’une succession d’émotions douloureuses.
Lorsque Sœur Fenna en parle, elle finit par sourire entre deux larmes qui lui échappent pudiquement « Vous me rappeler des choses tellement lointaines »
Cette femme de 76 ans, dont la beauté éblouit tout l’espace, le regard bleu clair aussi lumineux que toute sa personne raconte son pays, son histoire, son évolution, son déclin et pourtant son regard plein d’espoir « Les Haîtiens, on n’est pas des gens qui pensent à se suicider. On aime la vie, on a la danse, la musique, l’art … ce n’est pas les microbes qui vont tuer le haïtiens ».
Il y aurait eu une époque où le climat était assez sécure. Dans un éclat de rire, elle précise que ça devait être du temps où elle était trop petite pour s’en souvenir. Son père racontait qu’il montait les mornes à cheval. Lorsque la nuit tombait, il désellait son cheval pour se servir de cette assise comme oreiller. Il s’endormait paisiblement dans la nature. Inimaginable maintenant. Pas plus tard qu’hier, un homme a été attaqué dans ce quartier résidentiel. Une bande de jeunes l’ont complétement dépouillé. « Il a eu de la chance, il a eu la vie sauve », ce qui ne semble pas couler de source, même lorsque l’on donne tout ce qu’on a. Une sorte de roulette russe, ou c’est l’autre qui appuie sur la gâchette, le pile ou face d’un peuple multi-traumatisé dont une grande partie de la population reste dissociée, coupée entièrement de ses émotions.
De ce point de vue, la mort n’est qu’un état qui s’oppose à l’état du vivant. Mais dans ces conditions où chaque jour est une interrogation, une lutte pour la survie, finalement la mort peut sembler une alternative reposante.
La santé. Ce serait donc la clé de tout, ici en Haïti, comme ailleurs. La santé physique mais aussi la santé psychique nous précise-t-elle. Ici, vous avez beaucoup de travail à faire. Un travail de transmission mais surtout de pérennisation, un moyen de donner véritablement, sans promesse superflue, donner les moyens d’aller mieux, de ramener un petit peu d’humanité dans ce pays marqué aussi bien par les épisodes politiques successifs qui ont ravagé économiquement Haïti et les catastrophes naturelles qui viennent tacler le pays dès lors qu’il tente une fragile ébauche pour se relever. Modestement, il me vient à penser en l’écoutant : et si nous étions dans le vrai transmettre, L’EFT, le Remap… Juste transmettre et laisser faire. Car le précise-t-elle, « nous nous rendrions coupables de penser détenir les solutions pour Haïti ». Elles ne pourraient être qu’inadaptées dévalorisantes et déresponsabilisantes.
Haïti, Port-au-Prince : crèche Notre Dame des Victoires qui accueille une trentaine d’enfants. Petit à petit, les enfants s’approchent et demandent des bisous à nos trois thérapeutes, Claudie Caufour, Jean-Michel Gurret et Yves Wauthier.
Haïti, Port-au-Prince, Jean-Michel Gurret à l’orphelinat Notre Dame des Victoires, filmé par Claudie Caufour, présidente de Energies Psy sans Frontières
Haïti, Aéroport de Port au Prince : Vol retour vers Paris. Nous avions foulé le sol de cette même salle d’embarquement il y a 2 ans et demi. L’ambiance a changé. On ne ressent plus l’atmosphère pesante d’un pays en état d’urgence. Haïti n’est plus la même et il serait temps d’en témoigner. Pour venir jusqu’ici nous avons emprunté des artères routières structurées et aussi, des chemins cabossés que notre taxi a pris pour nous permettre d’arriver dans les temps. Haïti a changé ou plus exactement est en changement. Dans son message de bienvenue, Pétion Ville en témoigne : « une ville qui ambitionne de devenir un idéal de modernité ».
Les nombreux camions poubelles reconnaissables au message qui préconise la propreté s’en font l’écho également. D’ailleurs, les ordures qui jonchaient les rues dans cette Haïti frappée de plein fouet par le tremblement de terre font parties des vestiges du traumatisme que chaque haïtien tente d’oublier. Haïti est en changement et nombreux sont ceux qui nous évoquent cette reconstruction du pays mais bien plus, la nécessaire restructuration de l’homme Haïtien.
Les sessions de formations nous avaient déjà permis de nous en rendre compte. Dans l’esprit des haïtiens, le souvenir du cataclysme n’est jamais très loin et les symptômes de ce traumatisme sont encore bien présents. Les réactions démesurées des étudiants nous le rappellent lorsque le vent fait claquer la porte bruyamment en les surprenant. Ce traumatisme qui a frappé chaque haïtien, a laissé dans leur chair ou dans leur esprit le souvenir indescriptiblement effrayant du jour ou il aurait pu mourir ou il aurait préféré mourir à la place d’un enfant. Le tremblement de terre : avec du recul, ce ne fût qu’un épisode parmi tant d’autres qui font que chaque journée se vit dans les préoccupations de la satisfaction des besoins primaires.
Haïti change. Certes, mais dans la réalité historique du pays, cet événement a contribué comme tant d’autres douloureux à « changer la nature même de l’Haïtien » nous dit Clorinde, cette haïtienne qui lutte pour améliorer le statut de la femme haïtienne et à la protéger. « L’haïtien est profondément bon », nous l’avons entendu à de nombreuses reprises. Mais des actes gratuits de criminalité, des viols banals et nombreux, une atmosphère bouillonnante qui rendent les rues de port au prince insécures à la tombée de la nuit manifestent de l’état de dissociation de nombreux haïtiens. Cet état mental pathologique rend impossible la capacité propre à l’humain de se connecter au registre émotionnel et d’éprouver de l’empathie
Nous voulons en témoigner et nous avons conscience et la certitude maintenant de l’importance de notre action. Nous avons revu le père Harold Durosier qui nous conforte dans cette pensée. Il nous avait accueilli lors de notre première mission. A peine sortie de son étreinte affectueuse, il nous dit l’importance pour les écoliers haïtiens de pouvoir connaître et utiliser l’EFT « car ici les enfants n’ont pas accès à des psychologues et tous sont déjà soumis à de nombreux traumatismes ». Il nous fait également la demande de revenir mener une autre action de formation, plus exactement de perfectionnement auprès de ses 200 séminaristes qui utilisent l’EFT pour eux-mêmes et pour les personnes en souffrance. Le discours de la responsable de l’orphelinat que nous avions rencontrée précédemment va dans le même sens : elle parle de sa volonté d’intégrer l’EFT dans les rituels de lever et de coucher des enfants. Quatre responsables d’associations d’étudiants en psychologie nous proposent de nous mettre en contact avec leurs professeurs dans une perspective de partenariat et pourquoi pas, pour envisager un cours que nous pourrions donner à l’université. Ce serait un pas gigantesque dans ces petites gouttes d’eau de l’océan : former des psychologues locaux qui pourraient relayer notre action de formation locale, une belle pierre à l’édifice de reconstruction.
A l’hôpital principal, l’intérêt est le même : le directeur administratif, le Docteur Télémaque nous demande de lui proposer un projet pour former progressivement le personnel hospitalier des différents services…
Chaque nouvelle rencontre nous confirme l’intérêt des approches de la psychologie énergétique, notamment de l’EFT. Autant d’engagements de la part d’EPSYSF qui nous font prendre conscience que la tâche est ample et que pour y parvenir nous aurons besoin de bonne volonté et de votre aide. Cela peut se faire bien évidemment en adhérant ou en soutenant l’association Energies Psy Sans Frontières, ou en participant à l’une de nos missions, en étant préalablement formé à la psychothérapie et à l’EFT. C’est ce genre de formation que l’IFPEC, en France et Thérapeutia, en Belgique partenaires sur ce projet proposent. D’ailleurs une réflexion sur le contenu d’un module de formation des psychothérapeutes de terrain est déjà en cours.
www.epsysf.com – Claudie Caufour
www.ifpec.org – Jean-Michel Gurret
www.therapeutia.com – Yves Wauthier
Le Père Harold Durosier, doyen des études au grand séminaire de Port-aux-Princes, nous parle de l’impact de la méthode EFT sur ses élèves suite à notre 1ère mission en mars 2011. Interview réalisée le 1/07/13 par Claudie Caufour et Jean-Michel Gurret.